Ma visite au MUMODE
Une magnifique exposition qui augure de futures autres encore plus grandioses !
J’ai eu le plaisir, et l’émotion, découvrir une partie, infime, du joyau des 12000 pièces répertoriées par le MuMode depuis 35 ans, sur une période de 1750 à aujourd’hui. Le potentiel de développement est donc énorme… Je me réjouis déjà des futurs thèmes qui seront explorés grâce à un tout nouvel espace prévu dans le bâtiment multiculturel du Front de Gare, en construction pour 2022 ! Encore un peu de patience donc.
Pour l’heure, pénétrer dans l’enceinte du Château d’Yverdon-les-Bains en empruntant un bel escalier, c’est déjà vivre un moment hors du temps… Se plonger dans l’Histoire…
Un point de départ : l’anthropologie sociale du vêtement. Ou comment la façon de s’habiller définit une époque, des procédés, des classes sociales et styles de vie… Du vêtement des siècles derniers à la mode contemporaine, des savoirs-faires ancestraux aux techniques modernes cette exposition vous fera voyager dans le temps de la Mode, au travers de créations de grands couturiers comme celles d’ateliers moins illustres.
Des robes de cocktails à celles de soirées, des tailleurs aux manteaux, sans oublier les robes de mariées et même celles de baptême, en passant par la mode enfantine et à celle masculine vous serez éblouis par la créativité et les savoirs-faires qui nous sont contés par ces pièces d’exception. Du choix des tissus, des couleurs et motifs, des coupes, des volumes et des procédés d’assemblages, jusque dans les détails des boutons, cols, nœuds, dentelles, broderies, plissés, surpiqûres, strass et perles de verre : rien n’est laissé au hasard… Et c’est bien là ce qui me plait tant ! L’élégance jusque dans le moindre détail.
J’ai savouré la découverte du Plissé Fortuny, la Peinture à l’aiguille, la Dentelle de lin au fuseau, le Gazar, et ma première robe Schiaparelli !
Et que dire des chaussures, ou « souliers » devrais-je dire vu l’ancienneté de certains modèles… L’étroitesse des pieds et leur petite taille m’ont frappée. Là aussi les coloris, les matériaux et les détails de boucles, brides, laçages ou noeuds se disputent tour à tour la palme de l’originalité et du raffinement. D’autres accessoires tels que sacs à mains, coiffes et chapeaux complètent ce tableau où toutes les époques s’entrecroisent par magie.
Le saviez-vous ?
- Sybil Connolly, d’origine irlandaise, était l’une des stylistes préférées de Jacky Kennedy
- C’est Azzedine Alaïa qui réalisa le prototype du modèle emblématique « Mondrian » d’Yves Saint Laurent en 1965
- La maison zurichoise Abraham est une société Suisse de textile spécialisée dans le travail de la Soie. Fournisseur de Balenciaga, Givenchy, Balmain, Schiaparelli, Saint Laurent et Dior
La scénographie m’est apparue originale et intéressante… mais tellement frustrante ! J’ai regretté de ne pas pouvoir admirer les vêtements exposés, sous toutes leurs coutures, en faisant un tour à 360° de ceux-ci. Leurs regroupements et agencement dans, sur et autour des cartons ne nous donnaient à voir qu’une partie, qu’un angle de vue… Bien que je sois consciente qu’il ait fallu composer avec la taille de la salle. Peut-être, finalement, était-ce un parti pris pour suggérer, sans tout montrer… En tout cas, le message selon lequel le MuMode a besoin de beaucoup plus d’espace pour mettre en valeur ses inestimables collections est bien passé !
L’exposition se poursuit avec une étonnante collection de boutons, mis en scène par des petites mains dans des cadres poétiques. On y découvre un large spectre de matières, formes et tailles. Un régal pour les amoureux du détail qui fait toute la différence… De la porcelaine au verre ou du cuir à la nacre, parfois même sertis de strass colorés, le bouton se fait bijou et il y en a pour tous les goûts et tous les styles ! Là encore quelle créativité !
Enfin, comme pour boucler la boucle, ou tout du moins atterrir de ce beau voyage qui nous a fait traverser les époques, nous sommes accueillis dans la tour du château par un immense arc de cercle composé de « Streets looks » Photographiés par Maria di Falco et Ilja Tschanen. Œuvres également présentées dans la précédente exposition « Portraits de Suisses, portraits d’une ville : dis-moi comment tu t’habilles, je te dirai où tu vis ». Que de couleurs, d’ambiances et de contrastes pour illustrer la fantaisie de chacun, dans un décor commun… Inspirant !
Car finalement, n’est-ce pas cela le vêtement aujourd’hui ? En dépit des modes et des codes dont nous pouvons nous affranchir, un formidable moyen d’exprimer aux autres notre personnalité et nos valeurs, dans un monde qui n’a pas de frontière et dont les influences culturelles sont internationales. Un vent de liberté.
En résumé, une belle rétrospective de l’Histoire de la Mode qui m’a émerveillée…
La mode étant un éternel recommencement, j’en veux pour preuve le grand comeback actuel des broderies, perles et broches strassées, ainsi que les volants à tout va et le velours ; à quand donc le retour de l’Elégance du siècle dernier, celui du tombé incomparable, des matières nobles et des finitions impeccables ? J’en rêve…
A bientôt pour d’autres expos !
Noëlle Dall’Olio – Kaleïdoscope LAB
Légende photos
- Robe du soir en laine orange, Courrèges Haute-Couture 1968 / White Tie en sergé de laine, Davies & Son, London, 1950
- Ensemble manteau bleu ciel & robe du soir en satin de soie duchesse, Pierre Balmain Haute-Couture, 1951
- Robe « Mondrian » en jersey de laine blanc cassé, rouge et noir, Yves Saint Laurent, 1965 / Robe du soir en gazar de soie bleu, Hubert de Givenchy Haute-Couture, 1979