Carolina Frias se livre, sans détour : son parcours, ses projets et des scoops sur son actualité… J’ai fait la connaissance de la charmante Miss Earth Suisse Romande pour la 1ère fois lors des Slow Design & Fashion days à Genève en décembre 2017. Elue ambassadrice de l’environnement à l’automne dernier, elle défilait avec des créations de mode éthique. Son assurance et son élégance naturelle avaient illuminé le catwalk… Et m’ont, à l’époque, donné envie de faire plus ample connaissance.
J’ai eu le privilège de la recevoir au Showroom de Kaleïdoscope LAB, juste avant qu’elle ne s’envole pour Marrakech. Magie des rencontres passions, entre femmes entrepreneures, autour de valeurs communes…
Noëlle Dall’Olio : Je vous laisse vous présenter ?
Carolina Frias : J’ai 26 ans, je suis d’origine dominicaine par ma maman, je suis fille unique.
La chose la plus importante pour moi dans la vie c’est ma famille. Elle est et reste ma priorité ! C’est le plus beau et le plus important que j’ai dans ma vie, parce que c’est ma base, ce qui me donne cette force de pouvoir ensuite mener des actions comme je suis en train de le faire. Sans eux je ne serais pas capable de faire tout ça. J’ai une chance incroyable, et je le sais, d’avoir une famille comme la mienne. Mes cousines, mes tantes, ma famille en République Dominicaine ou en Italie. Ce sont des cultures très « famille » et ils me poussent et me soutiennent dans tout ce que je fais, quoi que ce soit.
Une tête bien faite dans une silhouette de rêve
ND : J’ai lu dans le ELLE SUISSE que vous êtes diplômée de l’ERACOM. A quoi ressemblait votre quotidien avant de devenir l’ambassadrice de l’environnement grâce à Miss Earth ?
CF : En fait j’ai fait la formation de créatrice de vêtements (couture, dessin de mode, patronage). J’ai terminé en 2015 puis j’ai travaillé quelques temps ensuite avec une couturière dans un atelier, c’était intéressant mais j’avais besoin de plus… J’ai finalement assez peu pratiqué la couture.
Après j’ai travaillé dans le marketing pour une grande multinationale, donc rien à voir ! On est venu me chercher et j’y suis restée pendant deux ans. Après cela m’a posé des problèmes éthiques et c’est vrai que ce n’est pas un job qui laisse du temps à côté pour la vie privée et les projets personnels. J’étais en parallèle déjà Miss Charité Internationale donc je faisais pas mal de shooting, défilés etc. et les deux ne collaient pas du tout ensemble.
Ceci-dit, ce fût une super expérience parce que cela m’a donné envie de faire les cours du soir du SAWI en Marketing & Communication et cela m’a apporté énormément de nouvelles connaissances. Et finalement, là où j’en suis aujourd’hui, c’est grâce à mon parcours, tout m’a été utile et je suis hyper contente d’avoir développé ces compétences, qui me permettent maintenant de défendre les causes importantes à mes yeux.
Je ne retravaillerais plus jamais pour une multinationale comme celle-là je pense mais cela m’est très utile dans mon travail avec l’association Aquaverde dont je suis devenue l’ambassadrice. Ce n’était pas pour moi à long terme mais je suis reconnaissante de tout ce que j’ai pu y apprendre.
ND : Vous êtes donc partie ?
CF : Oui j’ai démissionné le 31.07.17 et j’ai fait le concours de Miss Earth Suisse Romande en septembre.
Pouvoir œuvrer maintenant pour quelque chose qui me tient vraiment à cœur, une cause juste ça motive davantage ! Contribuer, même un peu, pour éclairer les consciences c’est déjà énorme !
Je ne vais pas vous mentir, je suis pas née écolo. Et beaucoup sont comme ça je pense, enfermés dans leurs habitudes, ne se posent pas trop de questions. Après quand on a l’information et qu’on est sensibilisé, petit à petit les comportements évoluent.
Je me suis intéressée à tout ça grâce à mon petit chien et je suis très sensible à la cause animale. En fait, tout est lié. En m’intéressant aux animaux j’ai découvert ce qu’ils vivent et subissent, puis la pollution des océans, ensuite les déchets qu’on retrouve sur les plages, et après le réchauffement climatique etc. Plus on en sait, plus on en trouve et plus ça décourage aussi parfois, devant l’ampleur des dégâts, à se demander si ce n’est pas déjà trop tard…
Il faut être curieux et s’intéresser. C’est un devoir de citoyen je pense et une responsabilité pour les générations futures.
Personnellement, cela fait deux ans que je suis hyper sensibilisée à tout cela, que je me suis construite avec ce monde-la (à devenir plus écolo dans mes gestes quotidiens) et je faisais aussi de petites actions localement. Mais là, 2018 sera l’année où je vais vraiment pouvoir agir en plus grand ! C’est fou comme on a beaucoup plus de crédibilité avec une couronne ! (Rires)
Portrait Chinois
Si vous étiez… ?
Un plat : quelque chose d’épicé
Une matière : du velours
Une plante : une rose rouge
Un Animal : une panthère
Un Lieu : Rome
Un film : « Sans plus attendre » avec Jack Nicholson et Morgan Freeman
Une couleur : l’orange
ND : Quel est votre rituel de beauté préféré ?
CF : Ce que je préfère c’est prendre le temps de soigner ma peau : faire un gommage, laisser poser un masque, ça me détend… et après mettre une crème qui sens super bon ! C’est vraiment ce que j’aime le plus, prendre soin de mon visage.
A peine élue « Miss Earth Suisse Romande », déjà au travail !
ND : Miss Earth permet de mettre votre beauté au service d’une cause. Comment avez-vous choisi de soutenir l’Association Aquaverde ?
CF : J’ai rencontré Almir, chef de la tribu Surui, lors de la finale du concours de Miss Earth Suisse Romande. Aquaverde est une association qui a été créé pour soutenir les peuples indigènes (dont la tribu des Surui) dans leurs actions de protection de la forêt amazonienne. Je suis donc allée spontanément vers lui, parce que je venais justement de finir de lire son livre, Sauver la planète (par Corine Sombrun, Ed. Albin Michel) j’en ai profité pour faire connaissance ! Je parle espagnol et italien du coup j’arrivais à me débrouiller avec le portugais. En fait on a eu une connexion instantanée, c’est un homme qui a une grande paix intérieure, il dégage quelque chose de tellement fort… Rien que d’avoir lu son livre et de l’avoir rencontré ça m’a vraiment bouleversée. Je me suis dit ce n’est pas pour rien ! Nous avons été mis en contact grâce à Miss Earth et j’ai eu envie de donner une vraie suite à cela, par moi-même !
ND : Comment se passe votre nouveau quotidien de Miss Earth Suisse Romande ?
CF : L’organisation générale, présente en suisse allemande depuis 12 ans, a le souhait d’implanter ce concours en Romandie. J’ai la chance d’avoir leur confiance et on me laisse beaucoup de liberté pour développer cela, ce que j’apprécie ! C’est donc moi qui gère les dauphines, je suis en train de créer les premiers pas de Miss Earth Suisse Romande. Mes 3 éléments, Kyoko Masuda (eau), Diana Gonzalez Kojima (feu) et Carla Degoumois (air) me suivent énormément dans tout ce que je propose et que nous réalisons avec Aquaverde. Je trouve que nous formons une super équipe, avec une belle harmonie, on a envie de bosser, on a envie d’avancer ensemble !
SCOOP : Je prépare un Gala de soutien pour récolter des fonds en faveur d’Aquaverde, il aura lieu au printemps prochain !
J’ai donc organisé un shooting avec mes dauphines en vue de la promotion de ce Gala. Le thème sera « les amazoniennes ». Nous sommes toute une équipe ! Ce qui est super génial c’est qu’on a un partenariat avec une créatrice qui s’appelle Coralie Pirk qui est en train de créer nos coiffes, chacune selon notre élément (terre, eau, feu et air) Et c’est beau car tout est bénévole… (coiffeur, maquillage, photographe) j’apprécie de voir des gens qui ont envie de s’investir avec le cœur pour soutenir mon projet !
ND : Vous prenez votre rôle très au sérieux !
CF : Tout à fait ! Premièrement parce que c’est mon image donc je n’ai pas envie de passer pour la miss qui a eu sa couronne et s’est assise dessus en attendant que l’année s’écoule et deuxièmement parce qu’Almir m’a énormément touchée… J’apprécie beaucoup l’équipe d’Aquaverde que je rencontre lors des réunions : Thomas Pizer et Barbara Steudler, je suis une « fan » inconditionnelle de ce qu’ils font, je sens beaucoup d’amour et du coup je n’ai pas envie de les décevoir. Je sais qu’au début ils étaient un peu sceptiques, mais ils ont vu que j’étais super motivée ! Je les appelle régulièrement pour leur dire où j’en suis, ce que je vais faire etc. et j’aimerais vraiment leur montrer par le bais du Gala que nous nous sommes mobilisées pour faire bouger les choses !
Un Gala pour la reforestation en Amazonie
ND : Ce concours de Miss vous a donc donné une certaine visibilité et légitimité, mais que ce n’est pas pour autant que vous attendez qu’on organise vos journées ; vous êtes pro-active et développez tout un projet en parallèle en vous servant positivement de cette nouvelle notoriété pour aller plus loin ! C’est admirable !
CF : Oui, il y a les deux aspects : le côté suisse alémanique du concours qui nous place dans différents événements (et c’est aussi mon travail) mais je n’ai pas envie d’être seulement une marionnette non plus, j’ai 26 ans et je veux montrer que je peux faire des choses par moi-même et mener des initiatives !
En fait, je m’auto-gère d’une part, puis je coach les 3 dauphines et on regarde ensemble ce qu’on peut réaliser. Pour le Gala, nous avons chacune des rôles bien définis : personnellement je vais m’occuper de tout ce qui est organisation, je centralise toutes les informations puis les redistribue aux personnes concernées.
ND : Vous serez donc la personne en charge des Relations Publiques en plus d’être la miss ambassadrice ?
CF : Oui c’est tout à fait ça ! J’aime beaucoup, c’est mon côté « Business Woman » ! La vie m’a apporté cette opportunité et je suis tellement soutenue par mon entourage ou les nouvelles personnes que je rencontre qui sont tellement enthousiastes que ça me donne envie d’aller encore plus de l’avant pour cette belle cause.
C’est une expérience incroyable, et surtout humainement, que je vis actuellement ! Ensuite, quelques semaines après le Gala, je partirais en Amazonie retrouver Almir et lui remettre en mains propres les fonds qui auront été récoltés lors de la soirée ! Donc 21h de trajet, sac à dos, aventure, et je vais vivre quelques jours avec eux !
ND : Votre engagement et votre implication vous honorent : vous mettez déjà à contribution votre couronne actuelle ! Vous marquez des points en vue de la finale ?…
CF : Honnêtement, je ne cours pas après… J’ai déjà fait d’autres concours auparavant : j’ai gagné le titre de Miss Charity lors du Concours Face of Beauty International en 2016, avant cela j’ai été 2ème dauphine de Miss suisse francophone, là je porte la couronne de Miss Earth Suisse Romande (et je suis la 1ère du titre !) donc je ne suis pas forcément en quête d’une nouvelle couronne… Et surtout, loin de moi l’idée de chercher à marquer des points : je fais les choses vraiment par conviction !
Je pense sincèrement que la chance peut être donnée à une autre jeune femme car je suis déjà tellement comblée par ce que je vis en ce moment, finalement je n’ai pas besoin de plus. Partir à l’international c’est une expérience que j’ai déjà vécue. Une autre fille serait sûrement hyper heureuse de la vivre !
ND : Est-ce que d’autres miss ont aussi déjà commencé à mettre en œuvre des projets ?
CF : Kyoko, mon élément de l’eau, est très impliquée avec moi pour Aquaverde. Elle s’occupera de toute la partie artistique du Gala, elle est danseuse et viendra avec sa troupe de danse. Tout cela autour de l’Amazonie avec des musiques de là-bas…
Diana, qui est mon élément du feu, va gérer tout ce qui est communication sur les réseaux sociaux (elle fait d’ailleurs en ce moment une formation au SAWI sur le digital) On utilise ces compétences pour nous-même car nous les mettons en pratique pendant notre règne et c’est un vrai plus professionnellement car cela porte notre projet encore plus loin ! Il faut communiquer avec les outils de notre temps.
Maintenant j’ai juste hâte, je me visualise dans le futur et j’ai envie d’être le jour du Gala, de me dire qu’on y est, ça y est, les invités sont là ! Je me réjouis de le vivre parce qu’humainement je pense que c’est quelque chose qu’on fait une seule fois dans sa vie…
ND : Peut-être qu’il y aura d’autres éditions de ce Gala en faveur d’Aquaverde ?
CF : Alors ça je ne sais pas mais en tout cas je mets la barre pour la prochaine Miss Earth Suisse Romande ! Pour qu’elle aussi s’investisse à son tour, et elle aura forcément mon soutien, que ce soit pour cette association ou pour un autre projet, selon sa personnalité et sa sensibilité.
C’est vraiment dans le but de montrer que c’est un nouveau concours, et c’est un chouette concours ! « Beauty for a cause » est sans comparaison avec ce qui existe par ailleurs. C’est vraiment sortir des préjugés de la miss qui est juste jolie… Ce qui ne collerait de toute façon pas avec ma personnalité ! J’ai peut-être une petite voix toute douce mais j’ai besoin de m’investir, de me battre ; je ne veux pas être cet instrument qui sert juste à la communication genre « sois belle et tais-toi ».
Des convictions ancrées, au-delà de son rôle d’ambassadrice
ND : Y a-t-il une reine de beauté qui vous inspire particulièrement ? Ou une actrice internationale reconnue pour son engagement pour l’environnement ?
CF : Une reine de beauté non… mais Léonardo Di Caprio oui ! En plus d’être un homme talentueux, il a été nommé « Messager de la Paix sur la question des changements climatiques » par l’ONU. Il a investi de sa personne en sillonnant le monde et tourné pendant 1 an pour montrer ce qui n’allait pas sur la planète. Il a co-produit un documentaire qui s’appelle « Avant le déluge » qui a été diffusé en 2016 sur la chaine National Geographic ! En fait il m’avait vraiment surpris en faisant un discours écologique quand il a reçu son 1er oscar pour The revenant. Cela avait d’ailleurs été très repris dans les médias. J’avais été bluffée et ça m’a donné envie de suivre son exemple parce qu’il s’est vraiment impliqué pour faire bouger les choses. Informer pour réagir !
ND : Vos amies sont elles aussi sensible à l’environnement que vous ?
CF : Alors, je ne pousse pas mes amies à devenir écolo à tout prix ! Je pense qu’il s’agit plutôt d’une prise de conscience qui doit avoir lieu, un déclic qui opère ensuite… Quand je vois mes amies c’est avant tout pour privilégier les bons moments ensemble, je laisse de côté mon écharpe de Miss pour décompresser avec les personnes que j’aime. Mais elles suivent beaucoup tout ce que je fais donc je crois que ça les touche et les encourage dans cette voie écologique… Mais je ne suis pas derrière elles !
ND : Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de vous au terme de votre mission ? Quel message souhaitez-vous laisser ?
CF : Mes deux pouces en l’air ! Je visualise cette photo que j’ai faite en Amazonie, qui signifie « I dit it » !
Ce que j’aimerais que l’on retienne de moi c’est : « Elle l’a dit et elle l’a fait » !
Elle n’est pas restée assise avec sa couronne en attendant que le temps passe mais elle s’en est servie pour Aquaverde. Je l’ai dit à Almir et je veux aller au bout de cette promesse !
Pour moi, cette aventure ne va pas s’arrêter à la fin de mon règne en tant que Miss Earth Suisse Romande, j’ai d’autres projets… Notamment par exemple avec une magnifique personne qui s’appelle Loân Sara, elle crée des bijoux avec des pierres qui viennent d’Amazonie. Cette femme est magnifique, elle est solaire, aussi belle à l’extérieur qu’à l’intérieur… C’est une rencontre incroyable que nous avons eue ensemble et elle est intéressée à soutenir Aquaverde. C’est le destin qui nous a réuni ! Elle est venue me trouver via l’agence de mannequin dont je fais partie, elle m’avait repérée sur le site internet… Elle a flashé sur ma photo et elle a dit : « c’est elle que je veux pour représenter ma marque ». On s’est donc rencontrées et on a fait le shooting le lendemain de l’élection ! Comme je commençais tout juste avec Aquaverde et je lui ai parlé de l’association… Ma mission d’ambassadrice lui a plue et elle m’a dit : « Il manquait une âme à mes bijoux et en te rencontrant et en t’écoutant, je crois que je l’ai trouvée » !
Et j’ai encore plein d’autres idées pour la suite !… (Rires)
En toute simplicité
Devise : Fais ce que tu dis
Signe particulier : authentique
J’aime : la nourriture
Je déteste : l’égoïsme
Un rêve : être 1 jour assise au bord de la mer, me rappeler toute ma vie en souriant et en me disant que j’ai fait tout ce que j’avais envie de faire, n’avoir aucun regret.
ND : Quelle est votre définition de la femme du XXIème siècle ?
CF : La femme de 2018 a le droit d’être libre et libérée, elle a le droit d’exercer le métier qu’elle veut, elle a le droit d’être qui elle veut, de s’assumer comme elle veut, d’être indépendante et de vivre en égalité par rapport aux hommes, de porter ce qu’elle veut et de ne pas porter ce qu’elle ne veut pas, de manger sans se soucier de prendre du poids… etc.
C’est comme cela que moi je me sens aujourd’hui ! J’ai la chance de pouvoir mener mes actions comme bon me semble, de pouvoir être qui j’ai envie d’être et me lever le matin pour faire ce dont j’ai envie réaliser… Je pense que tout le monde devrait avoir cette chance là ! C’est une autre cause à défendre et il y a du travail dans ce domaine… Ce serait tellement génial que la femme de 2018 puisse être qui elle veut partout dans le monde !
Propos recueillis le 16.02.18 à Yverdon-les-Bains / Interview relue et validée par l’intéressée